MANIFESTE DE L'ART POSTHUME
Ne vous attendez à rien, Attendez vous à tout!
Selon le dictionnaire le plus commun,
l’art, c’est « l’expression d’un idéal
de beauté dans les œuvres humaines ». Nous nions cette
définition que nous trouvons insuffisante en l’état.
L’art, c’est un environnement et une sensibilité, l’art
c’est la vie. Votre vie, votre environnement, votre sensibilité.
L’art, c’est donner forme à l’espace qui nous sépare.
L’art est politique.
Depuis le carré de Malevitch l’art est, et, devant lui, « c’est
une foule curieuse de critiques d’art instantané qui se presse à la
traversée du miroir ».
L’art est donc le seul domaine qui ait atteint son absolu, c’est-à-dire
le domaine de la création pure. Le seul domaine où l’homme
peut se vanter d’être l’égal d’un dieu, et
ou il peut créer librement, et sans contraintes.
Pourtant l’homme n’est rien sans le regard de l’autre.
Cet autre qui juge, condamne, ratisse.
Seul dieu juge.
Et c’est pourquoi nous affirmons nous moquer de cet art sectaire et
académique qui est le vôtre. Celui que vous nommez contemporain.
Il n’a de contemporain que son marasme.
En ce jour brillant, nous décrétons la mort de l’art « contemporain » en
termes d’époque, et l’avènement de l’art
posthume. L’art-vie.
« Il faut être un homme vivant et un artiste posthume ».
Car « l’après-fin de l’art » ne peut-être
ni moderne, ni contemporaine, mais posthume : « née après
la mort de son père ».
L’artiste posthume ne dispose pas, il propose.
Non, « Dieu n’est pas détrôné ».
Ainsi :
De même que l’homme ne s’exprime jamais que dans ses contradictions
les plus profondes, ce sont nos prétentions qui font de nous ce que
nous sommes.
L’art posthume ne se justifie pas. Il n’a rien à prouver.
Nous préférons laisser l’art aux artistes qui le méritent,
et vivre.
Mieux vaut vivre que de faire de l’art.
L’art est une conséquence, non un but.
Il est grand temps de tirer les leçons de l’histoire, et de
dépasser ces notions obsolètes que sont : le talent, la nouveauté,
et le génie. Ils ralentissent.
Si tout a déjà été dit, fait, et pensé,
nous n’aurons aucune honte à redire, refaire, et repenser ce
qui ne l’a pas été assez.
Imiter nos pères pour mieux les dépasser n’est que justice
leur rendre.
Ê tre multiple et agir dans tous les domaines nous permet de nous imaginer
libre.
Nous affûtons paraît-il déjà les couteaux qui nous
tuerons plus tard.
Conscience du support et soucis du détail valent bien chronologie
et rétrospective dans le travail d’identification sociale de
l’artiste.
Notre identité n’a que faire de vos peurs.
La réalité de nos faire est notre meilleure justification.
Il faut penser plus large et prendre en charge notre propre système
de diffusion.
Nous rêvons de nouveaux lieux où les mannequins, les journalistes,
et les artistes, iraient se faire voir.
Créer des lieux de vie plutôt que des lieux d’art.
« J’erre sans but et devenirs parce que je suis déjà,
par le seul pouvoir de ma volonté».
Rien n’existe sans faire valoir, dit-on.
La mannequin est le plus beau faire-valoir de notre époque, c’est
une pute qu’on ne peut pas baiser.
Nous sommes fatigués de ces madones rachitiques pour pédophiles
patentés.
Il n’y a pas plus d’intérêt à décréter
art qu’à décréter artiste.
Intéressé veut dire intéressant.
L’art posthume est le miroir de son temps.
What you see is what you get.
Loft-story ne nous plait qu’en tant que mise en pratique des 15 mn
de gloire de Warhol.
Nous chions à la gueule du succès.
Si « tout le monde peut le faire », tout le monde doit le faire.
Il ne faut pas faire pour être. Il faut être pour être.
Le courage de ne rien être, personne ne l’a jamais.
Si l’on doit un jour être connu pour et par son œuvre,
cela sous-entend qu’on lira forcément cette dernière à la
lumière de notre vie, et donc l’application d’une éthique
stricte dans l’une comme dans l’autre.
Nos valeurs ne sont pas artistiques mais humaines.
L’intégrité, l’humilité, la fidélité et
le respect, sont à l’amour, l’amitié et l’estime
ce que sont la liberté, l’égalité, et la fraternité,
aux français, une hypocrisie de plus à laquelle nous aimerions
bien croire.
Rien n’est gratuit, ni un hasard.
Notre rancune se doit d’être tenace car pardonner, c’est
déjà être supérieur.
La réussite, c’est le masque de la société.
En amour, nous choisirons toujours la pornographie à l’érotisme,
elle a plus de réalité.
La pornographie, c’est ce qu’on fait des choses.
C’est vivant que nous sommes, et vivants que nous voulons être
aimés.
Notre paresse nous pousse à préférer l’amateurisme
au professionnalisme du rien. Il y a une raison à ça.
« La paresse est la vérité effective de l’homme ».
Le travail n’est acceptable qu’extrême, car travailler,
c’est se retirer de la vie.
Le métier, c’est le savoir faire de l’artiste qui va travailler
une attachée-caisse dans le cerveau, et un chèque dans la poche.
Nous n’acceptons le métier que dans le cadre de l’erreur
qu’il représente, en particulier comme en général.
L’acte d’amour est plus important que la jouissance, c’est
pourquoi, dans notre système de pensée, la femme aura toujours
plus de poids que l’œuvre qu’elle a inspirée.
Dans les musées, nous préférons regarder les femmes
que les peintures.
En art, comme dans la vie, on a besoin de vérité,
pas de sincérité.
L’éthique gifle la morale comme la foi se doit de vomir l’espoir,
ils ne sont pas compatibles.
Vos doutes ne sont pas les nôtres.
Nous n’avons que cette certitude que vous nommez égoïsme.
L’égoïsme (au même titre que l’individualisme,
le dadaïsme, le situationnisme, ou n’importe quel « isme »)
ne vaut que s’il est partagé.
À l’imitation, nous préférons l’original. Il
vend mieux !
Ainsi nous préférerons Coca à Pepsi, le tatouage au body
art, les tricheurs aux menteurs, Elle à Art Press, et Hustler à Purple,
ils avancent à visage découvert.
L’authenticité, d’aussi mauvais goût soit-elle, finit
toujours par payer.
Nous croyons au mauvais goût du public dans la durée.
Lui seul à une chance de changer le monde.
Il faut s’assumer tel qu’on est avant de vouloir changer le monde.
Cette société du spectacle qui est la vôtre ne nous intéresse
que dans la mesure ou elle nous fait perdre notre temps.
« Perdre son temps est aujourd’hui la seule façon d’être
libre ».
« Il faut donner du sens au sens ».
« Être invisible est l’unique alternative qui soit laissée à l’art
posthume pour lutter contre la société du spectacle ».
Nous ne serons invisibles que pour mieux vous aveugler.
« L’art posthume est notre anti-matière comme la matière
fait l’art contemporain ».
Prêcher à des convertis ne peut être que le sacerdoce du faible.
« La seule tyrannie qui existe est celle du faible sur le fort ».
À côté de vos églises, ce sont des bordels gratuits
que nous construirons, ainsi les gens pourront-ils choisir.
Nous créons par amour de la vie, pas par peur de la mort.
Du minuscule Palais de Tokyo, nous n’aimons que l’architecture qui
a au moins le mérite d’être skatable, et donc utile.
L’art posthume nique l’esthétique relationnelle, à qui
nous reconnaissons quand même, dans notre infinie bonté, le droit à l’existence.
Nous ne croyons pas plus à ces artistes qui ne peignent que pour eux-même
et dans leurs caves, le pantalon plein de peinture, qu’aux artistes dit « contemporains ».
Nous préférons pourtant nous vendre à vendre notre travail.
L’artiste posthume étant forcément un grand homme, c’est
aux grands musées que nous destinons notre œuvre, notre vie.
Les grands musées seuls séduisent le public.
C’est au musée de venir à nous, pas à nous d’aller
au musée.
La reconnaissance ne vaut que par son caractère légitimant.
La reconnaissance ne vaut rien.
Personne ne peut, de toute manière, se targuer d’être le spectateur
moyen de son époque.
L’artiste reconnu ne pose que le problème de la reconnaissance de
même que « les précurseurs n’ont que la chance d’être
né avant ».
Nous n’avons d’absolu que notre branlardise.
Car nous sommes :
Les fils de vos putes,
de vos pds,
de vos patrons
et de vos jardiniers
L’air de votre air
La liberté de votre liberté
Le mépris de votre mépris Nous-mêmes.
L’art posthume encule l’art contemporain.
L’art, c’est la vie.
Notre vie, à nulle autre pareille.
S’en revendique qui veut.
Volenti non fit injura. Gloria victis.
AleksiAnnaArtusDanieleÉdouard pour
l’Art Posthume. 2005
www.artposthume.com
NE JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE QUE FACE VERS LE CIEL
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"Manifeste" by Artus de Lavilleon - 29x19cm - 2007